Louise  Warren – Poète et essayiste

Soleil comme un oracle

Soleil comme un oracle

Soleil comme un oracle
2003

Soleil partout
englobant tout
soleil comme un oracle
Agua ! Agua !
étranges oiseaux dans les ruines
tourbillons d’écume
dans les plis de ma jupe
Carthagène, labyrinthe de feu
je me recouvre de ton eau

Où m’as-tu conduite
que je ne puisse plus revenir ?

Je connais ces pigments de plomb
le long des arcades
ces racines qui pendent
au cœur de la nuit
je reconnais ce mur
qui ressemble à la mort
cette étrange lumière
devant moi inattendue

Soleil comme un oracle, Montréal, l’Hexagone, 2003.

Des profondeurs sous-marines où elle nous attirait en spirale, elle a tiré des traits de l’objet à la beauté. […] Elle tire sur les rayons du soleil comme un oracle, nous fait partager une sérénité lumineuse dans des chambres et des villes nommées, comme une peau où on se blottirait et qui s’appellerait Carthagène.

VIOLAINE FOREST
«Le Bal des oiseaux», CIBL (101,5 FM)
2003

Ce Soleil comme un oracle nous révèle tout un univers sensible qui se construit au gré des circonstances. […] Comme si l’écriture poétique possédait ses propres lois et sa propre logique sans quitter ce qui la retient dans l’ordre de l’émotion. Aussi sommes-nous très loin d’un univers rationnel porté par la voix, et c’est pourquoi les textes témoignent chacun d’un moment ou d’une impression, ou même, et plus encore, d’une expérience qui trace lentement sa voie dans l’imaginaire sans ne jamais rompre ce qui la rattache avec tant d’intensité au monde.

En cela ces textes révèlent des formes presque naturelles de la parole poétique, comme s’il s’agissait d¹une force qui vient s’inscrire au sein des mots à travers leurs associations inattendues. Car il s’agit de scènes quotidiennes qui ont perdu toute leur banalité. Elles portent l’énigme à son plus haut point sans chercher toutefois à la distinguer artificiellement, par des détours rhétoriques, à ce qui relève du plus ordinaire de la vie. D’autant que c’est précisément dans ce plus ordinaire, lorsque s’impose l’attente qui nous tient dans un rapport étroit au monde et à l’autre, qu’émergent avec force ces instants fulgurants des profondeurs qui nous habitent […]

Ces instants ne se construisent pas sur le seul terrain de ce qui les suscite dans le moment de la saisie. Ils nous renvoient en permanence à la mémoire, à cette faculté qui vient densifier l’expérience pour les recouvrir des formes inédites de la parole poétique, parole prête à «m’engager dans mon propre vide ».

PIERRE-YVES SOUCY, poète et éditeur
(extrait de lettre)
2003

Traduction

Soleil comme un oracle, traduction espagnole par Silvia Pratt (Mexique). Inédit.

© 2024 Tous droits réservés – Louise Warren
Conception et réalisation par Annie Piché